Tadaaaaam ! Deuxième rencontre ! Du Bruit !

Et 

bing ! Blong ! Paf !

C'était - déjà - la deuxième séance de cette passionnante aventure partagée autour de la poésie des mots et des sons.

Nous étions 19 parce qu'on a récupéré quelques ex-malades qui n'avaient pas pu venir à la précédente rencontre. Ils étaient super en forme d'ailleurs...

On a fait quoi ? On a fait quoi ? Ben... du bruit. 

Ah oui ! Mais pas n'importe quel bruit. 

Du bruit super musical, du bruit choisi, du bruit précieux, du bruit délicat, du bruit farfelu, du bruit dans les coins, du bruit en loucedé, du bruit perso, du bruit banal, du bruit bruit, du bruit avec les vêtements, avec la bouche, avec les radiateurs, avec la tête, du bruit rigolo, du bruit parasite, du bruit blanc ou rose ou gris, de la musique quoi !

En fait, on a surtout commencé avec "bienveillance" (un nouveau mot).
Chacun, en cercle, a offert son prénom à l'autre. C'était très beau et très doux. Une manière de se dire que l'on est content de faire des choses ensemble.

Puis comme on était en cercle du coup on en a profité pour se refiler des sons. Il y en avait qui ressemblaient à des grognements, d'autres à des voyelles (A E I O UUUuuuuuuuuuuu - ah tiens ! d'ailleurs il y a un beau poème du jeune Arthur ! Arthur Rimbaud, on le met à la fin de ce billet de blog et on se le lira la prochaine fois) ; les sons tournaient et chacun pouvait en inventer un.

un extrait : 

D'ailleurs on s'est rendu compte de plusieurs trucs étranges et étonnants. D'abord quand on fait tous le même son ce n'est pas la même émotion que si on fait le son tout seul. Il y a un effet.

C'est parfois très agréable. Par exemple !  Un de nous a proposé de taper le sol du bout des doigts, et bien quand tout le monde s'est mis à faire ça, on se saurait cru sous la pluie, ou dans une forêt de fourmis, ou encore au milieu d'animaux étranges (qui a parlé d'araignées ? brrrr), en tout cas il y avait de l'effet !
C'est important ça ! ça veut dire que parfois pour faire naitre une émotion il faut la fabriquer ENSEMBLE.
Et puis ça veut dire aussi que le son change de nature (il nous fait pas ressentir la même chose) selon la manière dont il est fabriqué.

L'émotion d'un son dépend de beaucoup de choses ! 

On s'est rendu compte aussi que parfois (tiens ! quand on a fait les sons sur la tête avec ses doigts) on entendait son son mais pas celui de tous, et qu'il fallait s'arrêter de jouer pour écouter.

un autre extrait : 

et encore un autre extrait : 

Ah ! Et on s'est rendu compte aussi que pour un même son (par exemple les pieds tapés sur le sol), et bien, chacun entendait un truc différent. Mince ! Ca veut dire que celui qui écoute invente aussi le son. Même si on pense faire un éléphant avec ses pieds celui qui écoute va entendre, lui, une souris un peu grosse - il invente donc un son, il invente ce qu'il entend.

Décidément ! 

Bon ! Bref ! C'était chouette. Mais c'était pas facile d'écouter. Des fois on a envie de bouger... alors on apprend comment écouter. Ca aussi c'est un art, écouter. 

Après ? APRES ??

Alors ! Après on a refait l'ORCHESTRE DE BRUITS ! Mais avec des variations.

SUPER FORT 

super pas fort. 

Du coup certains sons discrets sont apparus. Notamment le minuscule grattement du banc. Vraiment minuscule. Mais là comme tout le monde faisait super minuscule, ben le minuscule grattement du banc était super fort. Encore un effet étrange...

un extrait avec les variations : 

En fait, cet atelier est une exploration de ce qui se passe quand on manipule le son, quand on le fabrique. Un laboratoire du son et des mots.

Evidmment, nous avons terminé par un MASSAGE SONORE (des petits bruits dans les oreilles) parce qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien.

clap clap       clap clap

                                     ssshuiiiiiii pffffffff

                              tic tic tic   TIC TIC TIC      

....dans les esgourdes

Bon. Voilà.

On se retrouve mardi 13 mars (c'est loin !!) pour la 3ème séance ! Youpi !! Ca va être la folie ! Au programme : un calligramme de dingue et un cadavre exquis, plus quelques babioles acoustiques !

ps1 : le fameux poème d'Arthur...

ps2 : l'aspirateur on trouvait que ça allait bien avec le poème. Elle est bien cette école dis-donc !

ps3 : "ps" ça veut dire post-scriptum, encore un mot qui sonne bizarre, on verra ça la prochaine fois.

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,

Je dirai quelque jour vos naissances latentes :

A, noir corset velu des mouches éclatantes

Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,

Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;

I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles

Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,

Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides

Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,

Silences traversés des Mondes et des Anges :

- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -

Arthur Rimbaud